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Blauer Kuchen

Blaue Chueche

Blauer Kuchen

En bref

Le Blaue Kuchen est une pâtisserie à base de pâte feuilletée au beurre.

De nos jours, il est très rare de trouver un produit à base de pâte feuilletée sans farce ni garniture. Le Blaue Kuchen est une spécialité du Frutigtal bernois qui rassemble les communes de Aeschi, Reichenbach, Frutigen et Kandergrund. Le Blaue Kuchen est très peu connu en dehors de cette région.

Description

Une tarte ronde, entaillée sur le dessus, à base de pâte feuilletée. Les grandes différences se situent dans la taille : de 250 à 850 g pour un diamètre variant entre 25 et 40 cm.

Ingrédients

Farine, beurre, eau, sel, sucre.

Histoire

La fabrication du Blaue Kuchen dans la région du Frutigtal remonte au moins au début du 20e siècle. A cette époque, il était uniquement confectionné dans les boulangeries, jamais dans les ménages. Un boulanger rencontré à Reichenbach nous raconte qu’il fait partie de la 4e génération à confectionner ce produit. C’est son arrière-grand-père qui a commencé à produire le Blaue Kuchen et qui a transmis sa recette, écrite à la main, de génération en génération durant ces 100 dernières années. Un autre boulanger de Kandergrund fait partie, quant à lui, de la 3e génération de producteurs.

Le boulanger de Frutigen chez lequel nous avons fait notre enquête travaille le Blaue Kuchen depuis 3 générations. Dans les archives de son père, qui avait repris le commerce en 1957, on peut lire que le Blaue Kuchen était servi en automne pour accompagner le café ou le thé, tout comme d’ailleurs les croissants parisiens, les croissants aux noisettes ou encore les milanais. Aussi loin que peuvent remonter ses souvenirs, son père produisait le Blaue Kuchen aussi en été. C’était un défi à cette époque, car la fabrication de la pâte feuilletée nécessite une certaine fraîcheur. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’encore aujourd’hui, les boulangers ne produisent le Blaue Kuchen qu’en hiver. La richesse du gâteau est la seconde raison pour laquelle on privilégie la saison froide, car on préfère déguster des produits calorifiques en hiver plutôt qu’en été.

Une enseignante de l’école ménagère, également belle-fille d’un boulanger de Frutigen, a récemment écrit une recette du Blaue Kuchen. La boulangerie a été acquise par sa belle-famille peu avant 1900 et ils sont restés propriétaires jusqu’en 1970. Elle souligne que c’est exceptionnel de trouver une recette écrite sur papier car les « anciens » boulangers pouvaient et surtout voulaient les conserver dans leur tête et non pas les mettre sur papier. « Je me suis simplement souvenue de la recette de mon beau-père et l’ai retranscrite sur papier. Avant, on ne trouvait le Blaue Kuchen que durant la saison d’hiver, quand les boulangers avaient la possibilité de garder le beurre au frais. « Oui, la qualité du beurre est très importante, c’était encore du beurre de la ferme », raconte notre informatrice. « Jusque dans les années 50, le gâteau n’était confectionné que pour des occasions spéciales comme Noël, Nouvel-An, Pâques ou lors de mariages ou baptêmes, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

A Noël, on déjeunait avec du Blaue Kuchen accompagné de café au lait », se souvient-elle, même si cela remonte à son enfance, il y a une soixantaine d’années.

Peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, les boulangers ont commencé à produire le Blaue Kuchen chaque fin de semaine. Les jours de fête ne jouaient alors plus un rôle très important. Les commandes devaient être faites 3 jours à l’avance. Le premier jour, il réalisait la pâte en mélangeant farine, beurre, eau, sel et sucre. Cette préparation reposait au frais durant 24 heures. Le deuxième jour, la pâte était pliée et abaissée une première fois. Le troisième jour, cette dernière opération était encore réalisée deux fois. Après une dernière phase de repos et de refroidissement, le boulanger pouvait commencer à travailler sa pâte.

Production

Dans son atelier, le boulanger façonne sa pâte à l’aide d’une machine à pétrir, puis elle repose ensuite quelques temps au frais. Dans le langage professionnel, on appelle cela le feuilletage. Ca consiste à travailler une pâte, appelée détrempe, en lui incorporant du beurre par la technique du tourage, c'est-à-dire en la pliant et l'abaissant plusieurs fois, tout en la laissant reposer entre chaque opération. Le beurre incorporé aux couches de pâte empêche la vapeur de s'échapper durant la cuisson. Lors de la dernière étape, on abaisse la pâte sur une épaisseur de 6 cm. Le boulanger découpe ensuite des carrés réguliers qu’il pèse scrupuleusement un à un pour qu’ils aient tous le poids exact. Une fois toutes les pièces rassemblées, il les abaisse pour obtenir une forme ronde et les laisse reposer encore une heure.

 

Le boulanger entaille le dessus du gâteau avec un couteau. Le plus petit gâteau, d’un diamètre d’environ 25 cm, est marqué en son centre d’une petite croix. Certains boulangers entaillent la pâte de façon à obtenir un quadrillage. Le boulanger de Frutigen badigeonne le gâteau à l’œuf et le laisse reposer quelques instants avant de l’enfourner dans un four à vapeur chauffé à 220° C durant 20 minutes. En fin de cuisson, le gâteau a une hauteur de 5 cm.

Chaque boulanger du Frutigtal a sa propre recette. Les uns incorporent plus de beurre, d’autres rallongent le temps de repos qui peut aller jusqu’à 2 jours; même le temps et la chaleur de cuisson peuvent varier d’un boulanger à l’autre.

Consommation

Le Blaue Kuchen est découpé en tranches, comme une tourte. Le boulanger interrogé conseille de le déguster avec du fromage. Il convient très bien aussi comme en-cas pour les 4 heures, pour l’apéro, en tant que dessert ou comme déjeuner accompagné de confiture et de beurre. Selon le producteur de Kandergrund, il est fort apprécié avec du café au lait.

Selon ses observations, il peut dire que se sont principalement les clients indigènes qui sont friands de Blaue Kuchen. « Certaines personnes de l’extérieur me demandent souvent ce que contient le Blaue Kuchen. Quand je leur réponds qu’il s’agit d’une spécialité locale simplement à base de pâte feuilletée, ils me regardent souvent d’un air interloqué », mais c’est ainsi.

Un autre boulanger vend le Blaue Kuchen aussi en tranches, mais farci d’une masse au thon.

Importance économique

Pour le boulanger interrogé de Kandergrund, le Blaue Kuchen est la pâtisserie la plus sollicitée en fin de semaine. Il confectionne des gâteaux de différentes tailles allant de 250 à 850 g. Un gâteau de 250 g coûte Fr. 4.-.

Celui de Frutigen cuit le gâteau tous les samedis. La haute saison se situe entre Noël et la Saint-Sylvestre. De nombreux habitants ayant émigré reviennent dans la région durant les Fêtes et il va de soi que le gâteau fait partie des plats traditionnels qui se retrouvent sur la table à ces occasions.

Le prix du gâteau en 1985 était de Fr. 6.- et en 2008 de Fr. 9.-.

Peu de boulangers du Frutigtal fabrique le Blaue Kuchen toute l’année. Le boulanger de Reichenbach le produit tous les samedis du Jeûne fédéral jusqu’à la Pentecôte, avant Noël uniquement sur commande, mais de Noël à Nouvel-an c’est la haute saison. Pour les jours de marché, il lui arrive aussi d’en produire, mais il suspend sa production l’été, car le beurre ramollit beaucoup trop vite.

Le boulanger de Kandergrund quant à lui fabrique le Blaue Kuchen le samedi durant toute l’année. Les personnes qui souhaitent en déguster à d’autres moments doivent lui passer une commande 3 jours avant. Ici aussi on peut en trouver sur les marchés.

... et enfin

D’où vient le nom de gâteau bleu ? Chaque boulanger a sa propre explication.

L’un dira que la pâte feuilletée fraîche a une couleur légèrement bleutée; d’autres voient s’échapper une vapeur bleue lorsqu’ils ouvrent le four durant la cuisson. La vapeur provient du beurre contenu dans le gâteau. Si le four est rempli de gâteaux, la vapeur est très puissante et brûle les yeux. Une dernière version explique que le Blaue Kuchen était confectionné quand tout le monde avait congé, sauf les boulangers. Eux n’avaient pas le droit de « faire bleu », ce qui signifie dans le dialecte local « jour du Seigneur = dimanche ».

Sources

  • Egli, Ruedi,   Frutigen (Gemeindebroschüre),   Frutigen,   1995.  
  • Egli, Ruedi,   Frutigländer,   Frutigen,   28.12.2005.  
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Epicentre de production

Frutigtal (BE)
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