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Pains liturgiques du Valais (Michon des Rameaux, Pain béni, Pain de la St Sébastien, …)

En bref

Le pain occupe une place toute particulière dans la religion catholique. "Fruit de la terre et du travail des hommes", il est consacré au cours de la messe pour devenir Corps du Christ. Mais à côté de cet usage solennel, la piété populaire connaît depuis les premiers temps du christianisme la tradition des pains bénits, pains levés distribués aux fidèles et parfois aussi aux pauvres, lors de certains temps forts de la vie religieuse (messe du dimanche, enterrements, fêtes patronales, ...). Ce pain n'est pas Corps du Christ, il manifeste néanmoins la présence de la foi dans le concret d'une fonction vitale ; il peut aussi être vu comme le signe matériel de l'union entre les fidèles qui le partagent. En Europe, cet usage ancien a presque partout reculé, voire disparu. Il reste encore vivace dans certains villages valaisans, principalement à l'occasion des fêtes de Pâques ou Pentecôte, ou de fêtes patronales (Saint Georges, Saint Sébastien).

Le pain bénit a-t-il sa place dans un Inventaire du patrimoine culinaire ? Dans d'autres traditions religieuses, les prescriptions alimentaires jouent un rôle central ; elles influent de ce fait sur la culture culinaire. Pour le christianisme, il n'y a guère de "nourriture spirituelle" autre que l'hostie (Corps du Christ) et le vin (Sang du Christ) consacrés. Mais les pains bénits, signes du Christ, ne sont pas Son Corps : en Valais, ils ont aussi une fonction sociale et culturelle, et se distinguent parfois des pains ordinaires dans leur forme ou leurs ingrédients. C'est sur cette base que le présent Inventaire les a intégrés.

Description

Pains de froment ordinaires, parfois marqués des armoiries du lieu ou de motifs liturgiques.

Variantes

Le Pain de la St Sébastien à Finhaut, qui pèse entre 15 et 25 kilogrammes, est constitué de trois gros disques de brioche empilés concentriquement les uns sur les autres, et surmontés d'une brioche en forme de croix. Il est garni de décorations en sucre blanc, feuilles de houx, fruits, bougies.

Ingrédients

Farine de seigle et de froment, eau, sel.

Histoire

La confection du Pain bénit en Valais renvoie à deux traditions qu'il faut certainement distinguer, quoique souvent elles se confondent.  

L'une, très ancienne, remonte aux premiers siècles du Christianisme. Albert-Marie Careggio précise ainsi qu'au Moyen-Age, le pain bénit "jouit d'une grande faveur populaire" dans toute l'Europe. Il explique que ce pain bénit était alors "considéré par les fidèles comme une garantie divine contre les dangers spirituels et matériels de la vie" (p. 26).

L'autre tradition est liée à l'organisation sociale valaisanne. Les distributions de pain bénit, signalées dès le 14è siècle en Valais, représentent le plus souvent un don des bourgeoisies, ou de familles aisées, aux pauvres des environs. En effet toutes les personnes qui se présentent à la distribution, après la messe, peuvent en bénéficier. Ainsi la charité évangélique rejoint-elle une forme de rééquilibrage des richesses, dans une société où l'égalité n'est pas la règle, bien que tout le monde ou presque soit paysan. Cette fonction sociale a été attentivement analysée dans le cas de "Spend" (appelée en Français "louable distribution pascale") de Ferden dans le Lötschental. La distribution pascale y prend des formes très ritualisées et précises ; ce n'est pas seulement le pain qui est offert, mais un fromage fabriqué selon une technique archaïque qui n'a sans doute pas changé depuis l'institution de cette pratique au 14ème siècle.

Bien que cette fonction sociale se soit éteinte après la Seconde guerre mondiale, avec l'élévation générale du niveau de vie, la tradition des distributions de pains liturgique est restée vivace au cours des dernières décennies dans plusieurs villages du Valais.

Production

L'intérêt des pains bénits réside principalement dans leur valeur sociale, parfois leur forme. En Valais, il n'y a pas de tradition définie quant à leur mode de production. N'importe quel pain peut devenir pain bénit.

Consommation

Les pains bénits sont coupés en plus ou moins petits cubes et distribués à la sortie de la cérémonie. 

Importance économique

Ce produit n'a plus aucune importance économique, sa valeur est essentiellement symbolique. 

Produits de boulangerie et pâtisserie Imprimer

Epicentre de production

Plusieurs villages du canton du Valais, à des occasions telles que le Vendredi Saint, Pâques, la Pentecôte ou la Fête-Dieu. Ou de fêtes patronales.

La distribution de pain, éventuellement accompagnée de fromage ou de vin, a encore lieu à Val d'Illiez,  St. Maurice, Finhaut, Le Châble, Sembrancher, Grimisuat, Savièse, Ayent, Hérémence, Grimentz, Chandolin, Ferden, Zermatt, Rarogne, Kippel.

Pain de la St. Georges : Chermignon, Lourtier

Pain de la St Sébastien : Finhaut

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